Un dîner chez Thierry Marx




Bon. Par quoi commencer ... "Bonjour", peut-être ? 
Oui, c'est vrai, nous sommes un peu impardonnables. Mais entre New York, Montréal, et une rentrée parisienne en master, autant vous dire qu'on est plutôt très très débordées depuis mi-août. 
Alors disons qu'on va suivre la technique des Guignols (qu'est-ce que vous pensez de la nouvelle formule de l'émission d'ailleurs ?), avec une rentrée un peu beaucoup en décalé, pour revenir sur scène entre les fêtes, quand tout le monde a un peu de temps pour souffler.

MAIS pour nous rattraper, on a décidé de vous mettre les petits plats dans les grands (vous allez très vite réaliser à quel point cette métaphore n'en est pas une), et vous offrir pour débuter cette nouvelle saison un article TRÈS gourmand ...

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          Il y a quelques semaines, il m'est arrivé un truc assez incroyable : je suis allée dîner au Mandarin Oriental, dans le restaurant doublement étoilé de l'inimitable Thierry Marx.
Bon, vous vous doutez bien que je ne me suis pas levée un matin en me disant "tiens, si j'allais claquer 250 euros en cuisine moléculaire ce soir ?" ; ma marraine m'y a invitée pour fêter mes 21 ans et l'adoption toute fraîche de son adorable petit Mathéo.
         Parées de nos habits de lumière (= petite robe noire + escarpins noirs + manteau noir, pour être particulièrement originales), nous nous sommes rendues au coeur du quartier de la Madeleine. 
Dès notre arrivée, l'accueil a été assez incroyable : ayant anticipé notre entrée, le premier serveur n'a pas eu besoin de nous demander notre nom et nous a immédiatement débarrassées avant de nous conduire vers notre table. Cette dernière était plutôt très spacieuse et épurée, dans un cadre agréable : le restaurant comptant peu de couverts, nous n'étions pas collées à nos voisins. 







(Je suis évidemment terriblement frustrée par la non-qualité de mes photos ; je n'avais à ce moment là toujours pas d'appareil photo, après le vol du mien en Grèce cet été, sur lequel je reviendrai dans un article spécial Grèce ... sans photos donc ! Voici donc de superbes photos prises sur iPhone haha)





        J'ai apprécié l'aspect général très épuré du restaurant : tout en courbes et immaculé, le jeu des matières (tissu blanc et verre, pour l'essentiel) permettait de créer une atmosphère très sereine et propice à la dégustation. 
Les menus étaient présentés sous la forme d'un parchemin roulé, ce qui peut paraître au premier abord un peu old-school mais qui est finalement plutôt sympa dans la mesure où on peut partir, à la fin du repas, avec le menu en poche. 

     Nous avons toutes les deux choisi le menu en 6 services, avec une alternance de plats uniques et de choix entre deux alternatives. Le ballet s'est alors enclenché. Chaque plat, chaque bouteille d'eau et chaque nouveau service intervenait juste au bon moment, si bien que nous nous sentions légèrement mal à l'aise au début, intimidées par ce service presque trop parfait. Puis nous nous sommes peu à peu détendues, jusqu'à entamer une discussion avec nos voisins de table, qui n'avaient eux non plus pas l'air d'être des habitués de ce genre d'endroit (contrairement à nos autres voisins, un couple sensiblement plus guidé). 


     Pour en revenir à ce qui nous intéresse réellement (= le repas et son contenu), le principe était simple : une succession "logique" de saveurs et de textures, et une augmentation progressive de la quantité, jusqu'au moment de l'apothéose (théoriquement, le dessert). Le pain (élément central et déterminant pour un bon restaurant) était bien sûr fait maison, et plus de 4 sortes nous étaient proposées, dont un pain soufflé à la vapeur, et une brioche au sésame. 



     Pour commencer, la première mise en bouche était juste hallucinante. Si l'on met de côté les gougères au comté, bonnes mais pas spécialement exceptionnelles, nous avons pu découvrir une tomate confite dans son eau épicée, ainsi qu'une perle moléculaire à l'olive (ça c'était assez dingue), qui avait une texture des plus surprenantes. 



    La seconde mise en bouche (une sorte d'espuma de pop corn) était bonne mais manquait peut être un peu de saveurs, surtout après la dégustation de la première. 



    La première entrée, une soupe à l'oignon revisitée, ne m'a pas déçue : c'était vraiment délicieux, et plutôt très original : le fromage était contenu dans un rouleau de pomme de terre séchée, et le bouillon autour était, lui, très savoureux. 

    La seconde entrée, un pressé de foie gras à l'anguille fumée, était particulièrement fin en bouche et surprenant : je n'avais encore jamais dégusté cette association terre/mer ; le résultat était vraiment réussi. Petit bémol peut-être concernant la texture de l'anguille, pas assez fondante à mon goût (je n'en avais jamais mangé avant donc je n'y connais absolument rien en anguille, mais je me dis que dans un 2 macarons, on peut transformer n'importe quoi en truc fondant). 

    Les deux plats ont véritablement été mes gros coups de coeur du dîner. La quantité était là, et le goût .... Je crois que je m'en souviendrai longtemps. 


Le Turbo d'abord, servi avec un jus vraiment délicieux, et recouvert de fines (mais vraiment très fines) lamelles de cèpes frais. Je vous laisse admirer le dressage, qui m'a vraiment beaucoup plu. 



Le boeuf ensuite : DU BONBON. Vraiment, je n'avais jamais goûté un boeuf aussi tendre et fondant. Vraiment, une tuerie, incontestablement la meilleure dégustation de ma vie. Pour vous donner une idée du degré de délice du plat, ma marraine, qui ne supporte pas le goût de la viande (bon ... nobody is perfect hein) l'a mangé en intégralité ("Marion, t'es sûre que c'est pas du gras hein ? Non parce que c'est trop tendre là !").  Le boeuf "charbon" (je ne sais toujours pas comment il a été cuisiné, je vais tenter de m'informer) était accompagné d'un jus particulièrement oufissime et d'une aubergine rôtie. Bref, un grand moment. 

    Avec notre menu en 6 services, nous avions zappé l'option fromage, et je crois que nous avons bien fait. Nous étions alors prêtes pour le dessert (si vous avez lu quelques uns de mes précédents articles sur ce blog, vous savez que les desserts, c'est un peu ma passion). 
    Et là ... grosse déception. Vraiment. On nous avait vendu ce moment comme LE feu d'artifice du repas, et malgré un service et une présentation spectaculaire (en gros, cette "ronde des desserts" est présentée dans plein de petits bento différents que les serveurs disposent dans un ordre bien particulier devant nous), le goût n'était clairement pas là. 


    On nous a conseillé de commencer par la glace aux agrumes, avec une sauce au guacamole (bon, sur le principe, pourquoi pas), et une meringue à l'Ylang-Ylang, fleur de Madagascar.
L'Ylang-Ylang n'est clairement pas passée, pour nous comme pour nos voisins. Cette fleur a une saveur vraiment très particulière, et concrètement, soit on adore, soit on déteste.

   Bref, premier raté pour le dessert. Le second bento était sans doute le meilleur, avec une alternance de pralin/meringues/crème au Yuzu (mais si vous savez, ce petit citron asiatique que les candidats de MasterChef adorent utiliser partout). Plutôt bon, donc, mais pas à la hauteur des plats précédents non plus. Le troisième proposait une forêt noire revisitée (je n'aime pas la forêt noire donc ça pouvait difficilement fonctionner pour moi), avec une glace vanille qui, pour le coup, était vraiment très bonne. 






Le dernier bento était composé de trois mignardises, dont un macaron-bizarre (et pourtant j'adore les macarons, mais celui-là était assez particulier, sans doute parfumé à une épice inconnue), une mini tartelette aux fruits très bonne, et une bouchée au chocolat.
Rien de bien extraordinaire non plus, mais le temps du dessert aura été marqué par un énorme fous-rire provoqué par ma marraine ("Marion, ils ont oublié de m'enlever le papier alu sur mes desserts !").




    Le repas s'est néanmoins terminé sur une note très agréable, avec un café gourmand renversé (composé d'une mousse de café vraiment délicieuse), et une tisane à la verveine fraîche. 




    Et pour finir vraiment en beauté, nous avons pu profiter d'une surprise de taille : la visite en salle du chef en personne, qui venait saluer son public après le dernier service de la soirée. Il a pris le temps de s'arrêter à chaque table, de discuter quelques minutes avec chacun, et de se prêter au jeu des photos (j'avoue, j'avais un peu honte à l'idée de lui demander, mais quand j'ai vu que toutes les tables avaient prévu l'appareil et qu'il y avait un serveur prédisposé aux photos, j'ai un peu relativisé). Il avait l'air plutôt sincère dans sa démarche et heureux de discuter avec ses clients, j'ai trouvé ça plutôt très sympa. 
Bref, malgré quelques déceptions, je peux affirmer avoir passé un moment vraiment unique, et goûté la meilleure viande de ma vie, ce qui n'est pas peu dire. 


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Petit récap : 

• Combien ça coûte ? : Comptez 180 euros (sans les boissons) pour le menu en 6 services, 210 euros pour le menu en 9 services. Si vous prenez deux verres de vin et une carafe d'eau, comptez facilement une petite centaine d'euros en plus. 
Combien de temps en avance faut-il réserver ?  : Étrangement, les délais sont plutôt courts : 15 jours suffisent !

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